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Séminaire virtuel sur Zoom organisé par Ian Coller (université de Californie – Irvine) et Vincent Denis et Shandiva Banerjee (IHMC, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Inscription et contacts : vincent.denis@univ-paris1.fr, icoller@uci.edu ou shandiva.banerjee@univ-paris1.fr
Le projet « Policer les présences noires en Europe dans le long 18e siècle / Policing Black Presence in Europe during the 18th century » est soutenu par l’IHMC, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, le CNRS et l’université de Californie – Irvine.
17 h – 19 h
Miranda Spieler (American University in Paris)
17 h, heure de Paris | 8 h PST | 11 h EST | 16 h GMT
Ce chapitre de mon livre en cours d’écriture se concentre sur la montée de nouveaux mécanismes de répression au cours des années 1750 qui visaient les personnes asservies à Paris. Alors que la police de la ville s’est avérée peu disposée ou incompétente à rassembler les esclaves qui fuyaient leurs maîtres dans les années 1730 et 1740, il est devenu courant, au milieu du siècle, que les propriétaires d’esclaves obtiennent des mandats spéciaux – ordres du roi ou lettres de cachet – pour reprendre leurs domestiques (moyennant finance). Au début, ces mandats émanaient directement de la police de Paris. Mais, bientôt, c’est le ministre de la Marine qui émet ces ordres, motivés soit par la fuite des esclaves, soit par des poursuites judiciaires intentées par des esclaves contre leurs maîtres devant la Cour d’Amirauté de Paris. L’utilisation de lettres de cachet pour la rafle d’esclaves est rapidement devenue une pratique systématique (comme l’attestent les archives de la marine). En reconstituant ces chasses aux esclaves à Paris, j’utilise les archives de la répression pour esquisser les réseaux coloniaux à Paris et retracer l’émergence de la ville comme capitale impériale.
Le professeur Spieler a rejoint l’Université américaine de Paris en 2012. Elle est titulaire d’une licence du Harvard College, où elle a étudié l’histoire et la littérature françaises et allemandes. Pendant ses études supérieures à l’Université Columbia de New York, elle a travaillé comme assistante de l’écrivain Susan Sontag, a enseigné le cours phare de Columbia, Contemporary Civilization, et a été chargée de cours dans le programme d’histoire et de littérature de Harvard. Après ses études supérieures, elle a rejoint le département d’histoire de l’université d’Arizona, où elle a été titularisée en 2011. Elle est historienne de la France et de l’empire d’outre-mer et écrit sur le droit et la violence impériale. Elle s’intéresse particulièrement à l’utilisation des archives pour retrouver les traces insaisissables et fragmentaires des personnes marginales, notamment les esclaves, les anciens esclaves, les immigrants, les prisonniers et les vagabonds en France et dans les anciennes colonies. Ses recherches pour Empire and Underworld l’ont conduite dans des dépôts d’archives en France et en Guyane française (où elle a passé six mois). Son nouveau projet de livre porte sur l’histoire des personnes de couleur vivant à Paris et dans les villes portuaires de France au xviiie siècle.