Accueil > Vie scientifique > Séminaires > Séminaires 2016-2017 > Technique, imaginaire et société
Ce séminaire de recherche piloté par Anne-Françoise Garçon, professeur émérite en Histoire des techniques à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne s’adresse aux chercheurs intéressés par les études sur la technique et la technologie en Sciences Humaines et Sociales et désireux d’appréhender les méthodes et outils de pensée spécifiques à l’histoire des Techniques. Il se tient en présentiel et par webconférence.
Nous étudierons les relations entre la technique et les imaginaires et l’impact de cette relation sur la conception des techniques par les diverses sociétés. L’accent sera mis sur une approche conceptuelle des régimes de la pensée opératoire : pratique, technique et technologie, en posant la question de leur historicité. Pour ce faire, nous déborderons des périodes historiques canoniques de manière à appréhender les moments de cristallisation du fait technique. Nous interrogerons le poids de l’imaginaire dans la construction du fait technique ; nous analyserons la manière dont chacun de ces régimes se construit en conjuguant l’aptitude à symboliser et la capacité à élaborer des normes d’efficacité. Enfin nous tenterons d’appréhender ce que représente l’efficacité technique dans les diverses contextes sociaux.
Lieu : Centre Malher-Sorbonne, 9 rue Malher, Paris 4° (Métro Saint-Paul)
Date(s) : Le séminaire se déroule sur six séances , un samedi par mois du 19 novembre 2016 au 20 avril 2017 de 14h à 17h
ARCHAMBAULT de BEAUNE, Sophie, L’Homme et l’outil. L’invention technique durant la Préhistoire, Paris, CNRS Éditions, coll. Biblis [1re éd. 2008]. 2015
ARCHAMBAULT de BEAUNE, Sophie (dir), L’esthétique du geste technique, Gradhiva. Revue d’anthropologie et d’histoire des arts, vol. 17., 2013
BERTHOUD, Gérald, Vers une anthropologie générale. Modernité et altérité, Genève ; Paris, Librairie Droz, 1992
FLICHY, Patrice, L’innovation technique, collection Sciences et sociétés, Paris, La Découverte, 2003
GARÇON Anne-Françoise, L’Imaginaire et la pensée technique. Approches historiques, XVIe-XVIIIe siècle, éditions Classiques Garnier, Paris, 2012
GARÇON Anne-Françoise "Techniques : une histoire entre acteurs, idées et territoires" in J.-F. Belhoste et al., Autour de l’industrie : Histoire et patrimoine.
GARÇON Anne-Françoise « Des modes d’existence du geste technique » in e-Phaïstos – vol.III n°1 – juin 2014 pp. 84-92
GRAS, Alain, POIROT-DELPECH, Sophie, l’Imaginaires des techniques de pointe, Paris, L’Harmattan 1990
GRAS Alain, Les imaginaires de l’innovation techniques, Paris, édition Manucius, 2014,
GUCHET, Xavier, Pour un humanisme technologique. Culture, technique et société dans la philosophie de Gilbert Simondon, collection Pratiques théoriques, Paris, P.U.F 2010
MUSSO Pierre, L’imaginaire industriel, Paris, édition Manucius, 2015
PICON Antoine, « Imaginaires de l’efficacité, pensée technique et rationalisation », Réseaux 5/2001 (no 109), p. 18-50
14 h – 17 h
Anne-Françoise Garçon, Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne
L’imaginaire est constitutif de toute pensée, pensée technique comprise. Et l’imaginaire est un acteur historique, histoire des techniques comprise. Nous allons donc étudier dans ce séminaire les modalités d’existence de l’imaginaire dans cette historicité spécifique qui est celle des trois grands régimes de la pensée opératoire : pratique, technique, technologie. Et poser les bases de leur appréhension par l’historien.
14 h – 17 h
Bénédicte Rolland-Villemot, Conservateur en chef du patrimoine (Institut national du patrimoine, chargé de mission auprès du directeur), Doctorante en histoire des techniques (IHMC - Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne/CNRS)
Ce projet de thèse en histoire des techniques tente d’analyser la constitution de l’histoire matérielle et technique des collections des musées de France et la construction d’une histoire des techniques et des matériaux et de leur mise en œuvre les métiers du patrimoine, leur rôle sur la formation d’une pensée technique autour des collections. Aujourd’hui, le processus de conservation connaît une rupture par la dématérialisation et par obsolescence technologique. Cette césure épistémologique conduit à une réflexion sur la technologie culturelle : comment aujourd’hui construire une histoire matérielle des collections selon les régimes de la pensée opératoire. Le second est de questionner la manière dont les musées donnent à percevoir et à penser la technique comprise comme l’ensemble des procédés nécessaires aux activités de production et propres à une société donnée. Les matériaux se pensent dans des topiques différentes selon le contexte culturel et technique dans lequel ils ont été produits. Un troisième questionnement est le musée comme producteur de pensée technique par ses méthodologies de travail, ses métiers et leur professionnalisation croissante depuis les années 1990.
14 h – 17 h
Yves Winkin, Directeur de la culture scientifique et technique du CNAM, Directeur du Musée des Arts et Métiers
Erving Goffman (1922-1982) n’est pas seulement le sociologue de la "mise en scène de la vie quotidienne" (Presentation of Self in Everyday Life, 1959). C’est aussi le quasi-phénoménologue des "cadres de l’expérience" (Frame Analysis, 1974) et le quasi-sémiologue des annonces publicitaires genrées (Gender Advertisements, 1979). Pourquoi dès lors ne pas tenter de repérer dans ses écrits une "pensée technique" ? Ou du moins des éléments conceptuels qui pourraient y conduire ? C’est une exploration libre qui sera menée, sur la base des recherches que j’ai menées sur la vie et l’œuvre de Goffman (Les Moments et leurs hommes, réédition Points Seuil, 2016).
14 h – 17 h
David Culpepper, Doctorant en histoire des techniques (IHMC - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CNRS)
Après la Première Guerre mondiale, la France s’est trouvée avec un surplus d’avions de guerre et une force aérienne de premier rang. Suite à l’avènement d’Hitler et son parti Nazi, les dirigeants militaires français commençaient à se rendre compte de la menace réelle présentée par ses propos belliqueux et l’armée de l’air, la célèbre Luftwaffe, qu’il faisait construire. La réponse de la France était de (re)constituer ses propres forces aériennes, une tâche difficile qui rencontrerait des problèmes de conception et production. Pourtant, cette période de l’entre-deux-guerres fut une époque dans laquelle la technologie augmentait à une rapidité prodigieuse, surtout en ce qui concernait l’aéronautique. De nouveaux matériaux, de nouveaux besoins et de nouvelles connaissances dans le domaine voulaient dire que les avions et les techniques d’avant ne valaient plus rien face au monde actuel.
14 h – 17 h
Sophie A. de Beaune, Université Jean Moulin Lyon III et UMR 7041 Archéologies et Sciences de l’Antiquité (Université Paris 10 - Paris Ouest Nanterre La Défense)
À partir du cas du biface, outil préhistorique en pierre taillée comportant un axe et deux plans de symétrie, nous nous interrogerons sur la question du lien entre esthétique et fonction : la symétrie des bifaces était-elle liée à leur fonction ou au contraire répondait-elle à une recherche esthétique ? La question revient à se demander quelle part le souci d’efficacité technique laissait aux préoccupations esthétiques. Nous posons l’hypothèse que l’image mentale de la forme que l’artisan cherchait à obtenir ainsi que l’enchaînement des gestes techniques – la chaîne opératoire – l’ont tout naturellement porté à la production de cette symétrie.
14 h – 17 h
Fabian Kroeger, Docteur en Histoire des techniques (Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne)
La présentation interroge la relation entre les techniques de la sécurité automobile et l´imaginaire de l´accident de voiture dans les sources cinématographiques pendant la période des « Trentes Glorieuses » aux États-Unis et en France. Il s´agit alors de retracer à la fois le développement de l’histoire des savoirs sur l’accident et celui de l’histoire visuelle, et cela dans les deux sphères de la recherche et de la culture.
14 h – 17 h
Anne-Sophie Rieth, Doctorante en histoire des techniques (IHMC - Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne/CNRS)
La France du XVIe siècle voit une modification de ce qu’a été l’art équestre dans sa pratique. À travers la mise en place d’un nouvel habitus social venu d’Italie, celui des Académies, on assiste dans la pratique à une esthétisation d’un art de la guerre. Celle-ci fait l’objet d’une mise en récit avec la multiplication des traités équestres aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui pose la question de la confrontation du régime de la pratique avec celui de la technique autour de la conception du geste technique.