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Vincent Guillaume

Doctorant

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (ED 113)

Centre Malher (IHMC-CH2ST)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
9 rue Malher, 75004 Paris

Page personnelle sur Academia.edu

Agrégé d’histoire

Thèse

Sujet de thèse : Régénérer et innover. Trajectoires scientifiques et politiques des instruments de physique en temps de Révolution (1789-1803)

Directeur de thèse : Jean-Luc Chappey

Date de première inscription : octobre 2020

Résumé de la thèse

Cette présentation a été publiée dans la lettre d’information de l’IHMC d’avril 2024

Entre 1789 et 1806, en France, les gouvernements successifs ont impulsé des dynamiques de conservation, de production et de distribution des instruments de sciences physiques issus des collections nationales. Les enjeux politiques, économiques et intellectuels qui motivent les circulations de ces appareils nous permettent de comprendre les façons dont les différents régimes révolutionnaires ont tenté de mobiliser ces objets de savoir au service de la puissance de l’État. Pour y parvenir, il a été nécessaire de constituer un corpus vaste et inédit de sources habituellement traitées par des historiographies distinctes. De cette manière, il a été possible de saisir l’ampleur des circulations d’instruments de sciences physiques qui font du processus révolutionnaire une rupture. Ces instruments circulent et sont présents dans une pluralité de lieux : laboratoires, manufactures, champs de bataille, musées ou écoles. Trois grands types de flux instrumentaux sont placés au cœur de notre démarche.

Le processus révolutionnaire se caractérise d’abord par un transfert massif de propriété pour des centaines d’instruments qui quittent les cabinets particuliers de leurs anciens détenteurs, émigrés ou condamnés, pour tomber dans le domaine public. La constitution des collections nationales de physique relève donc, en partie du moins, d’un vaste mouvement de confiscations, à Paris principalement mais aussi en province et dans les territoires conquis. Ces nationalisations débouchent sur l’invention d’une politique nationale de conservation des collections de sciences physiques, même si sa mise en place est loin d’être linéaire.

Ce même processus doit aussi être envisagé comme une période d’intense production de tels instruments, car les collections héritées de l’Ancien Régime ne suffisent pas à répondre aux besoins traditionnels, mais aussi parce que de nouveaux besoins émergent, notamment à cause d’impératifs militaires. La guerre rend impossible pour les institutions et savants français de se pourvoir en instruments à Londres auprès des meilleurs fabricants européens. Par conséquence, le développement de la production instrumentale sur le sol national devient une affaire d’État.

Enfin, ce processus doit être considéré comme une vaste entreprise de distributions d’instruments de sciences physiques. Issus des confiscations ou des commandes publiques, certains se retrouvent sur l’ensemble de la période, d’autres n’apparaissent que dans des moments spécifiques. Ainsi, les armées bénéficient d’une distribution qui se déroule sur l’ensemble de la période, ce qui n’est pas le cas pour l’instruction publique, en dépit des objectifs initiaux. Par ailleurs, la répartition de ces appareils trahit les nouveaux rapports de force entre les espaces de « recherche » qui émergent dans cette période.

En restituant les trajectoires différenciées de ces instruments, de leur entrée dans les collections nationales jusqu’à leur distribution, il s’agit d’éclairer comment ces appareils ont participé à l’affirmation d’un nouvel ordre politique. En cela, les instruments de physique sont des objets de savoir autant que des outils de gouvernement.

Thèmes de recherche

  • Histoire des collections.
  • Histoire de l’enseignement scientifique.
  • Histoire de l’innovation scientifique et technique.
  • Histoire du financement des institutions scientifiques.

Résumé

Mes recherches portent sur la façon dont les instruments scientifiques ont été mis au service de la puissance de l’État durant la période révolutionnaire. Ces objets sont depuis le xviie siècle des supports essentiels de la construction des savoirs, mais ils sont également devenus des objets de collection. La Révolution française constitue une rupture car elle entraîne une redistribution et une reconversion des instruments. Ceux-ci deviennent des supports pédagogiques participant à la régénération de la société ou sont intégrés à la nouvelle politique d’encouragement à l’innovation industrielle et scientifique. Cette économie instrumentale révolutionnaire, fondée sur la circulation, la diffusion et la démocratisation des collections, contribue à la recomposition disciplinaire des savoirs et à l’émergence d’une nouvelle géographie de la connaissance. Il s’agit donc d’étudier la place des instruments dans la définition et l’affirmation d’un nouvel ordre politique.

Publications

« Brest contre l’Angleterre, Paris face à Brest : À propos d’un projet abandonné d’atelier de lunettes marines en 1795  », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2024, no 131/3, p.119-146.

« Des instruments pour la République. Formation, conservation et usages des collections nationales de physique durant la Révolution française. », Mosaïque. Revue de jeunes chercheurs en sciences humaines, no 18, décembre 2022.

« Fabricants d’instruments et commissaires de la République : une étude du personnel de la section de physique de la Commission temporaire des arts », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 2022.

Interventions et communications

« Éduquer les sens par les expériences. Les classes de physique expérimentale et de chimie des écoles centrales comme laboratoires politico-pédagogiques (1795-1802) », Journées des doctorant.e.s et jeunes chercheur·euse·s 2022 de la Société d’études anglo-américaines des xviie et xviiie siècles, « Former, éduquer, instruire en France, dans les îles britanniques et en Amérique aux xviie et xviiie siècles », en partenariat avec la Société Française d’Étude du xviiie siècle (SFEDS), 23-24 septembre 2022.

« Amateurs et propriétaires d’instruments. La constitution des collections particulières de physique expérimentale à la vielle de la Révolution française », Colloque Amateurs en sciences : une histoire par en bas dans le cadre de l’ANR « AmateurS – Amateurs en sciences (France, 1850-1950) », 5-7 septembre 2022.

Avec Julien Vincent (Paris 1 – IHMC), « Flux financiers et ordre matériel dans les écoles centrales (1795-1802) », séminaire commun de l’IHMC, « Comment apprendre ? Pratiques, supports et objets d’enseignement (xvie-xxe siècles) », 10 juin 2022.

« ’’Le plus grand des consommateurs’’. L’État et les fabricants d’instruments scientifiques en France à la fin du xviiie siècle », Atelier de l’école doctorale de Paris 1 : L’étude des groupes professionnels : objets et méthodes, 19 mars 2022.

« L’ordre matériel des dépôts. Une approche par l’espace des politiques de conservation des instruments de physique durant la Révolution française », Journée des doctorant·e·s de l’IHMC, « Encadrer, contrôler, administrer. La gestion des populations aux époques moderne et contemporaine », 10 juin 2021.

« Trajectoires politiques d’instruments de physique en temps de révolution », Congrès national des sociétés historiques et scientifiques (CTHS) 2021, « Collecter, Collectionner, Conserver », 6 mai 2021.

Publié le 9 novembre 2020, mis a jour le mardi 14 janvier 2025

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