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Auteurs : Frédéric Régent, Gilda Gonfier, Bruno Maillard
Éditeur : Fayard (Paris)
Date de parution : février 2015
Nombre de pages : 300
Présentation de l’éditeur
Ils s’appellent Cécilia, Maximin Daga, Jean-Baptiste ou Lindor… Tous sont esclaves en Guadeloupe, à la Réunion et en Martinique dans la première moitié du XIXe siècle. Ils s’expriment, « libres et sans fers », selon l’expression consacrée des tribunaux, lors de procès tenus en raison de larcins, de rixes, de mauvais traitements, parfois de meurtres. Leurs témoignages inédits racontent le quotidien de ces hommes, femmes et enfants, soumis aux châtiments les plus rudes qui entretenaient la terreur et provoquaient parfois la mort.
Ces précieux fragments de vie éclairent les conditions de vie des esclaves sur les plantations et en dehors, les liens qui les unissent à leurs pairs (solidarité mais aussi violence) ou à leurs maîtres et commandeurs, leur culture et les moments privilégiés où ils peuvent échapper aux impératifs de leur statut. Ni rebelles obsédés par la destruction de la société coloniale ni aliénés, ils projettent une humanité digne face à des maîtres qui le plus souvent refusent de renoncer au pouvoir absolu sur cette main-d’œuvre jusqu’au bout assimilée à leur propriété.
Raconter sa vie d’esclave, raconter son maître — "Il y a beaucoup de mots français dont je ne saisis ni le sens ni la portée." — "Je ne concevais pas tant de rigueur de la part d’un maître si bon."
Des vies vouées au travail — "Il faisait avec sa bande des trous de canne" — "J’ai dit à mon maître : Vous voyez, Monsieur, il saigne, mon fouet est plein de sang." — "Je me nomme Florentine, je suis âgée de trente ans, je suis couturière et esclave."
Violence des maîtres, souffrance et violence des esclaves — "Il faut corriger les mauvais sujets." — "Maître qu’à faire froid dans cachot la, ba moi un drap pour couvrir moi." — "Je ne me rappelle plus j’étais ivre et je perdis connaissance."
La vie en dehors du travail forcé — "Il avait le plus beau jardin. Il travaillait autant pour lui que s’il avait travaillé pour un blanc." — "J’avais mangé de la morue qui était un peu trop salée ; j’étais altéré. Je cassai deux cannes pour calmer ma soif." — "Non, mon maître me payait mon travail." — "J’étais habillé d’une simple culotte bleu et d’un manteau que m’avait prêté Louis." — "J’ai eu des relations tout-à-fait fugitives."
Vivre libre et mourir "J’ai voyagé avec quelques noirs mais que je ne connais pas" — "J’ai été obligé d’aller marron." — "C’est moi qui le soignais dans ses maladies, il me promit la liberté" — "Je n’ai jamais vu de prêtres appelés pour les esclaves mourants. On ne leur faisait pas de cercueil.".
Publié le 15 mars 2015, mis a jour le vendredi 11 novembre 2022