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Pratiques savantes des archives (XVIIe-XIXe siècles)
Atelier 1 : l’écriture de l’histoire
Journées d’étude organisées par Maria Pia Donato (CNRS-IHMC), Anne Saada (CNRS-Pays Germaniques) et Filippo de Vivo (Birkbeck-University of London)
Vendredi 13 et samedi 14 mars 2015
École normale supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris, Salle des Actes et Salle Weil
Organisé en co-financement par le labex TransferS et par le European Research Council - projet de recherche AR.C.H.I.ves (A comparative history of archives in late medieval and early modern Italy, Birkbeck, Université de Londres).
Contact : mpdonat [a] unica.it, anne.saada [a] ens.fr, f.de-vivo [a] bbk.ac.uk
télécharger le programme (pdf)
Le but de ce projet est de proposer un retour critique sur l’histoire de l’historiographie en prenant comme angle d’observation les pratiques savantes des archives (archives désigne ici l’ensemble des documents manuscrits et imprimés rassemblés dans des dépôts d’archives constitués comme tels). S’inscrivant dans la lignée des tendances actuelles des sciences sociales qui mettent en avant les conditions d’élaboration des savoirs, ce projet vise à interroger dans une perspective transnationale l’histoire des archives et l’histoire de l’historiographie dans leurs relations réciproques, ainsi que dans leurs rapports avec les sciences de la Nature, de l’Homme et de l’État.
Depuis quelques années, on assiste sur la scène internationale à l’apparition d’une nouvelle histoire culturelle des archives. Mais si l’histoire des sciences aujourd’hui se préoccupe de comprendre comment les technologies modèlent la connaissance, y compris les « technologies de papier » (paper technologies) — de la liste administrative aux livres de lieux communs, de la fiche de police au dossier médical, jusque précisément aux archives, quelle que soit leur nature -, cette problématique semble encore éloignée de l’histoire, de même que des sciences humaines en général. De fait, les travaux sur l’historiographie et les historiographes de l’époque moderne (jusqu’au XIXe siècle) n’abordent que rarement, ou seulement de manière indirecte, la question de la matérialité du travail érudit. Même en dépassant la fausse dichotomie entre érudition et philosophie, la pratique des spécialistes de l’histoire de l’historiographie témoigne de leur proximité avec l’histoire intellectuelle dans la mesure où ils privilégient des historiens qui construisaient eux-mêmes leur discours à partir de textes conservés dans des bibliothèques plutôt que de sources consignées dans des archives. De la même façon, rares sont les études qui s’interrogent sur les relations entre l’usage des archives et le développement des sciences humaines. Si depuis les années 1980 l’accent est mis sur les significations politiques et symboliques des archives, la question des pratiques savantes que celles-ci génèrent, tant dans leur gestion que dans les modalités d’utilisation des documents, reste un domaine largement inexploré. Le but de ce projet est donc de mettre à l’épreuve l’hypothèse selon laquelle un changement de perspective consistant à mettre en avant les pratiques savantes d’archives serait susceptible de renouveler les approches traditionnelles de l’histoire de l’historiographie et, partant, des sciences humaines : plutôt que de pointer les particularismes, il se propose de mettre en lumière les caractéristiques communes aux historiographies nationales ainsi que les liens entre les différents domaines de connaissance.
Le premier volet de l’enquête se concentrera sur l’histoire et l’historiographie. Un atelier de recherche d’une journée et demie réunissant des chercheurs issus de diverses disciplines (histoire, archivistique, histoire de l’art, histoire du livre, etc.) sera organisé en mars 2015. Il portera sur les archives comme sources de construction de l’histoire et lieux d’élaboration du discours historique entre les XVIIe et XIXe siècles. Cet atelier aura d’abord pour mission d’explorer les usages des archives pour l’écriture de l’histoire et, inversement, l’utilisation de l’histoire — souvent implicite — pour l’organisation des archives. Il examinera ensuite la question des modalités de transferts de savoir et de savoir-faire entre « histoire générale » et histoire de l’art, de l’église et histoire locale, en interrogeant les effets de la mobilité des hommes (voyages dans différents dépôts d’archives), les déplacements des fonds d’archives et la circulation de systèmes de classification entre des domaines contigus (bibliographie, catalogage muséale). Il ouvrira enfin la voie à un repérage des arguments employés tant pour justifier la création d’archives que pour mettre en œuvre des choix de conservation.
Vendredi 13 mars – matin - Salle des actes
9h30 Accueil des participants
9h45 Introduction par Maria Pia DONATO, Anne SAADA et Filippo DE VIVO
Session I : Histoiriens et officiers : qui accède aux archives et dans quel but
Président de séance : Michel ESPAGNE (ENS, Paris)
10h00 Fabio ANTONINI (Birkbeck College Londres), “Custodita tra loro scrigni per la chiarezza delle historie” : Historical Erudition in the State Archives of Seventeenth Century Venice
10h30 Fabien MONTCHER (Université de St Louis), Polycentric Historiographies and the Scholarly Practices of Archives across Seventeenth Century Iberian Worlds
11h00 Nicolas SCHAPIRA (Université Paris-Est Marne-la-Vallée), Naissance du corps des commis dans les archives des Affaires Etrangères (France, XVIIIe siècle)
Discussion - Discutant Yann POTIN (Archives Nationales Paris)
Vendredi 13 mars – après-midi - Salle Weil
Session II : Quelles archives pour quelle histoire
Président de séance : Edoardo TORTAROLO (Université du Piemont oriental)
14h30 Emmanuelle CHAPRON (Université d’Aix-Marseille), La bibliothèque comme archive
15h00 Héloïse HERMANT (Université de Nice-Sophia Antipolis), Historiens-voyageurs au pays des archives. Circulations et pratiques savantes des chroniqueurs d’Aragon sous les Habsbourg
15h30 pause
16h00 Susanne A. MEYER (Université de Macerata), The Artist in the Archive : Writing History of Art with the Artists’ Letters (Bottari, Fiorillo, Rumohr, Gaye...)
16h30 Kasper Risjberg ESKILDSEN (Université de Roskilde), Relics of the Past : Archival Authority and Historical Scholarship in Enlightenment Germany
Discussion - Discutant Caroline CALLARD (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Samedi 14 mars 2015 - Salle des actes
Session III : Vrai et faux, preuve et erreur dans les archives
Président de séance : Daniel ROCHE (Collège de France, Paris)
9h30 Markus FRIEDRICH (Université de Hambourg), Early Modern Genealogy as Archive-driven Research Enterprise
10h00 Jan Marco SAWILLA (Université de Constance), Are Collection Archives ? Reflections on the Société des Bollandistes and the Emergence of New Historical Knowledge in Early Modern Europe
10h30 pause
11h00 Michael RIORDAN (Université d’Oxford), The Feud with Froude : Records, Narratives and Historical Writing in Victorian England
Discussion - Discutant Edoardo TORTAROLO (Université du Piémont oriental)
Publié le 20 février 2015, mis a jour le jeudi 3 août 2023
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