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Maître de conférences à l’université de Strasbourg, Éric Hassler est accueilli en délégation au CNRS, à l’IHMC, du 1er septembre 2023 au 31 août 2024. Ses recherches portent sur l’histoire des cours princières et des élites nobiliaires en Europe au cours de la seconde modernité. Pendant l’année de délégation, il développera plus particulièrement un projet sur les procédures de probation nobiliaire, entre monarchies française et autrichienne (1650-1800).
Vilipendées par bon nombre d’intellectuels des Lumières qui en font l’un des symptômes d’une société archaïque, les procédures de probation nobiliaire sont pourtant régies par des règlements administratifs des plus rigoureux qui imposent l’élaboration de véritables dossiers administratifs d’identification de l’individu qui candidate pour intégrer l’une des nombreuses institutions ségrégatives (chapitres nobles, ordres militaires, institutions monarchiques) qui les exigent ou obtenir une charge ou une gratification militaire ou curiale.
Il s’agira d’étudier ces procédures à l’aune des pratiques de l’écrit et des scripturalités qui se développent au cours de la seconde modernité pour en saisir toute la complexité administrative, mais aussi le poids social très lourd qu’elles font peser sur une bonne partie des élites nobiliaires qui s’obligent à adapter leurs pratiques matrimoniales et démographiques pour conserver la possibilité de se maintenir dans les cercles qui gravitent autour de ces institutions ségrégatives qui leur procurent à la fois avantages économiques et distinction du fait de la garantie de la qualité nobiliaire conférée par une agrégation répétée sur la durée.
Même s’il s’agit d’un phénomène qui peut être considéré, sous des déclinaisons diverses, à l’échelle de l’Europe moderne, on se concentrera en particulier sur les monarchies française et autrichienne dont la proximité avec le Saint-Empire, où ces pratiques semblent s’être le plus précocement développées, a favorisé à la fois l’élaboration de savoirs et de régimes d’expertise spécifiques, mais aussi des processus d’homogénéisation, de normalisation et d’instrumentalisation par l’État de procédures qui contribuent rien de moins qu’à définir ce qu’est être noble, mais dont l’analyse permet également de relire l’histoire des institutions qui y participent. À cet égard, l’introduction quasi simultanée, dans les années 1750, à Vienne comme à Versailles d’un régime probatoire qui restreint l’accès à la cour et dont le caractère nettement administratif semble obliger le prince, suggère un véritable changement de paradigme de la faveur.
Publié le 8 janvier 2024, mis a jour le lundi 17 juin 2024