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Histoire de Paris : service public et gestion citoyenne de la ville

Coorganisé par quatre laboratoires de recherche d’histoire moderne et contemporaine (le CRH, le GRHS, l’IDHE.S et l’IHMC), ce séminaire consacré à l’histoire de Paris entend, pour sa seconde année, interroger l’articulation entre les sphères privées, collectives et publiques dans les institutions ou administrations parisiennes chargées de servir le roi et la ville. L’objectif principal de cette programmation 2022-2023 vise à prendre la mesure de l’hybridité des pratiques des institutions en charge de l’administration de la capitale, et de saisir leurs oscillations continues entre intérêts individuels, communautaires et publics.

Le séminaire portera une attention particulière aux questions méthodologiques et à l’usage des sources, au profit d’une réflexion générale dont chacun.e pourra tirer profit.

Les séances se tiendront à Montréal, dans la salle principale du GRHS (A-6060, 1255 rue Saint-Denis) ; à Paris, dans la salle de l’IHMC (ENS, 45 rue d’Ulm, 3e étage) ; et en mode virtuel, pour celles et ceux qui nous retrouveront sur Zoom. Le décalage horaire entre Paris et Montréal est de six heures plus tôt en heure, donc les séances à 17 h à Paris commencent à 11 h à Montréal, et celles de 16 h y commencent à 10 h).

Organisé par Pascal Bastien, Sophie Abdela, Vincent Milliot, Laurence Croq, Vincent Denis, Nicolas Lyon-Caen et Mathieu Marraud

Contacts : grhs@uqam.ca

Voir le programme sur le site du GRHS


Lundi 17 octobre 2022

17 h – 19 h

Mathieu Marraud (CRH, EHESS)

De la procédure à l’opinion des publics : le procès du duc de la Force en 1721

L’affaire retentissante du procès du duc de la Force de 1721 (monopole de marchandises, liquidation du système de Law, rebond parlementaire dans son conflit avec le Conseil, inquiétudes populaires sur un complot de famine agité par les courtisans, fin de l’impunité aristocratique face à la justice ordinaire, etc…) permet de mettre en regard la procédure avec deux aspects de la répercussion publique, que sont la production et circulation des factums, d’un côté, et la rumeur, de l’autre.


Lundi 7 novembre 2022

17 h – 19 h

Jan Synowiecki (université Caen Basse-Normandie)

La nature comme bien public : des jardins et des hommes à Paris au xviiie siècle

Alors que les jardins royaux et princiers de Paris ouvrent leurs portes au public – ou plutôt à un public trié sur le volet – de façon croissante à partir de la fin du xviie siècle, une réflexion approfondie voit le jour au xviiie siècle sur la nature de l’utilité publique des jardins au coeur de la ville. Tandis que certains groupes sociaux revendiquent des aménagements à même d’autoriser une jouissance collective de ces lieux, d’autres demandent l’exercice d’un usufruit, voire d’une propriété des jardins. À la veille de la Révolution française, la question du droit d’accès à la nature se politise et mobilise d’importantes franges de la population parisienne.


Lundi 12 décembre 2022

17 h – 19 h

Constance de Font-Réaulx (université de Toronto)

Un « impôt exorbitant sur un aliment indispensable ». Généalogie d’une dispute entre la Compagnie des Frères Vachette et les porteurs d’eau des ports de la Grève et de La Grenouillère autour de la marchandisation de l’eau (1771-1776)

Attention : la séance se tiendra salle L382 au 24 rue Lhomond

À l’époque moderne, l’eau puisée aux fontaines publiques et à la Seine était ensuite acheminée à dos d’hommes et de chevaux dans les foyers parisiens. Rétribués pour le service fourni et non pour l’eau elle-même, les porteurs d’eau à bretelle ou à tonneau jouaient un rôle essentiel tant ils permettaient à l’eau de circuler. Dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, la création des premières compagnies d’eau bouleverse ce fonctionnement. L’eau est changée en argent et les porteurs sont voués à disparaître. Cette présentation explore les résistances menées par les porteurs d’eau et leur opposition à la marchandisation de l’eau. En analysant les conflits entre les porteurs et les entrepreneurs de la Compagnie des frères Vachette entre 1771 et 1776, nous verrons comment les porteurs d’eau se posent en défenseur des Parisiens et de l’eau comme bien commun.


Lundi 6 février 2023

16 h – 18 h

Nicolas Lyon-Caen (IHMC, CNRS)

Savoir administratif et discrétion civique. Les instruments du fisc à Paris au xviiie siècle

La question des impôts parisiens ne saurait être réduite aux droits d’aides perçus sur les produits de grande consommation et aux enjeux de la construction du mur des fermiers généraux qui agitent fortement la ville à la veille de la Révolution. La Ferme taxe en effet également des marchandises de toute sortes à travers la douane, s’imposant ainsi comme un acteur du négoce. Mais surtout, la fiscalité a connu au cours du XVIIIe siècle un profond bouleversement. Deux nouveaux impôts royaux frappant les revenus et les patrimoines des individus s’y sont comme naturalisés : le dixième puis les vingtièmes des immeubles et la capitation, combinant des critères de statut et de richesse. Si pour l’ensemble du royaume, ce processus n’est pas forcément toujours très innovant, à l’échelle de la capitale cependant la performance de la monarchie semble inédite. Ce nouveau savoir taxer, qui ne semble guère soulever de contestation, s’appuie sur l’accumulation d’informations en bonne partie fournies par la Ville et les bourgeois eux-mêmes. On s’interrogera dès lors sur les acteurs et processus de la construction des informations fiscales et sur l’usage que les habitants sont susceptibles d’en faire.


Lundi 6 mars 2023

16 h – 18 h

Alexandre Dubé (GRHS, université du Québec à Chicoutimi)

Créatures exotiques : exploration des réseaux de protection coloniaux à Paris, 1730-1765

Procès à expédier, postes à pourvoir, dettes à recouvrer… les raisons de faire jouer les ressorts du crédit, du rang, et de la protection aux colonies pour y obtenir un avantage certain ne manquent pas. Or, les colonies sont loin, et la distance fait parfois oublier. On le sait, chaque année, officiers civils et militaires, négociants, et écrivaillons de Saint-Domingue, de Martinique, de Louisiane, du Canada, noircissent page après page des fleurs de la politesse convenue pour se rappeler au bon souvenir de leurs protecteurs. On le sait – ou plutôt, on le devine, car les réseaux de protection qui lient la métropole à ses colonies sont encore mal connus. Paris est surtout connue comme « capitale coloniale » par les réseaux officiels et les sociabilités visibles qu’elle accueille ; les antichambres du pouvoir sont encore dans la pénombre. Il faut dire que les bureaux parisiens sont discrets et tout s’y passe « sous la cheminée », se plaint Mirabeau, gouverneur de Guadeloupe. Les protections sont des armes dangereuses et parfois difficile à manier : leurs traces demeurent rares. Cette conférence s’attachera donc à proposer quelques pistes pour l’étude des réseaux de protection coloniaux à Paris grâce à quelques sources négligées : la correspondance interceptée par la Royal Navy britannique au cours des conflits du xviiie siècle, les lettres de remerciement des ministres conservées aux Archives d’Outre-Mer, et quelques rares correspondances privées d’officiers et de gouverneurs. Si ces correspondances ne sont guère plus candides que les dépêches officielles, on y trouve néanmoins des discussions précieuses par leur caractère ouvertement stratégique permettant de discerner lieux de pouvoirs, hommes d’influence, et contraintes systémiques que les institutions coloniales produisent à Paris, et que les institutions parisiennes génèrent aux colonies.


Lundi 3 avril 2023

16 h – 18 h

Vincent Denis (IHMC, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

L’affaire des enlèvements d’enfants (Paris, 1750). Retour sur une expérience de recherche collective

Rumeurs, arrestations arbitraires, émeutes et violences populaires : l’affaire des enlèvements d’enfants n’a pas cessé de fasciner les historiens de la société du XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui, comme en témoigne une riche historiographie, de Christian Romon et Paolo Piasenza à Goulven Kerien, en passant par l’étude désormais classique d’Arlette Farge et Jacques Revel, qui ont fait de l’événement un révélateur des relations entre les Parisiens et leur police. Dans le cadre d’une enquête collective menée en 2021-2022 avec les étudiants du séminaire de master « Ordre et désordre à l’époque moderne » (Paris 1), nous avons rouvert le dossier de l’affaire des enlèvements. Celle-ci a laissé une très riche documentation que n’épuisent pas les études antérieures. La pièce maîtresse est l’imposante procédure lancée par le Parlement de Paris sur les émeutes et les rumeurs d’enlèvements qui les auraient déclenchées. L’analyse à nouveaux frais de l’instruction engagée par Jean-Jacques Severt, conseiller à la Grand’Chambre, de manière systématique, offre des clés pour comprendre les raisons d’une procédure peu étudiée en elle-même. Les dizaines de témoignages et d’interrogatoires recueillis fonctionnent aussi comme un puissant révélateur des relations sociales dans le Paris du milieu du 18e siècle, du rapport à l’espace, de la circulation de l’information, du rôle des enfants, tout comme sur le maintien de l’ordre, les pratiques policières et leur inscription dans la ville. On voudrait présenter ici quelques-unes des pistes neuves dégagées au cours de cette expérience de recherche collective originale


Séance annulée

Lundi 15 mai 2023

16 h – 18 h

Sophie Abdela (GRHS, université de Sherbrooke)

De la rue au guet et jusqu’à la geôle : bien répartir le crime dans les prisons de Paris (1768-1791)

La capitale française compte, au xviiie siècle, plus d’une dizaine de prisons de toutes sortes : geôles, couvents, hôpitaux généraux, dépôts de mendicité, etc. Son territoire s’en trouve quadrillé. Parmi ces établissements se signalent quatre prisons ordinaires qui, à elles seules, forment le noyau de la gestion de la criminalité à Paris : le Grand Châtelet, le Petit Châtelet, le For-l’Évêque et Saint-Martin-des-Champs. L’immense majorité des délinquants et criminels de la capitale passent par une de ces institutions, sinon plusieurs. Néanmoins, il appert qu’on ne se retrouve pas indifféremment dans l’une ou dans l’autre : les forces du maintien de l’ordre, des soldats du guet jusqu’au Lieutenant criminel en passant par les commissaires de police, assignent certains profils à certaines prisons, constituant ainsi des institutions plus ou moins officieusement spécialisées. Chaque pôle du quadrillage carcéral remplit ainsi certains rôles spécifiques pour la tranquillité de la capitale. Or, malgré ces spécialisations, certains prévenus sont distribués à travers le réseau sans suivre les tendances ordinaires. La question se pose donc de savoir quels critères orientent la répartition des prisonniers dans les différentes geôles : crime commis, profil socioéconomique, genre, lieu de l’infraction ou encore agent procédant à l’arrestation ?

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