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Trieste / Hambourg, Pour une histoire globale, connectée et/ou comparée.

Séminaire PFR CIERA « Trieste ville d’empire(s) »

Vue de la ville et du port de Trieste depuis le nouveau môle, par Jean-François Cassas, 1802

Vendredi 31 janvier, de 14 h 30 à 18 h

Bibliothèque d’histoire moderne, en Sorbonne
14, rue Cujas, Paris 5e

Premier atelier du séminaire PFR « Trieste ville d’empire(s) », organisé par David Do Paço, Markus Koller, Christine Lebeau (CIERA, IHMC / Paris 1, Ruhr-Universität Bochum).

À l’instar de Hambourg, à laquelle ses chroniqueurs la comparent souvent, Trieste est un lieu de pouvoir qui use des échelles du Saint-Empire pour développer son rayon d’action. C’est aussi une zone de contact qui fait communiquer savoirs caméraux et commerciaux. Le projet vise à redonner à la cité son histoire en-deçà du grand récit du port franc (1719) dominé par les „groupes“, matrice des histoires et conflits nationaux des xixe et xxe siècles. Le PFR réunira des chercheurs confirmés et des doctorants spécialistes de plusieurs champs historiques (histoire du Saint-Empire et de l’Allemagne, de la Monarchie des Habsbourg, de la Méditerranée, histoire économique, histoire du monde juif....) et/ou actifs dans d’autres champs disciplinaires (science politique, communication, urbanisme...).

Magnus Ressel (Francfort/Main)
Le commerce entre Hambourg et Trieste. Des marchands allemands à Venise et Trieste (fin xviie siècle-xviiie siècle).

Entre coopération et compétition : Trieste et Hambourg de 1740 à 1797 Les relations entre Hambourg et Trieste étaient caractérisées par une grande complexité et ambivalence dans la seconde moitié du xviiie siècle. Du point de vue des souverains habsbourgeois, les deux principaux concurrents de la ville adriatique étaient Venise et Hambourg. Les Habsbourgeois voulaient arracher à la République vénitienne leurs relations commerciales transalpines avec l’empire, et ils voulaient arracher de la métropole de l’Elbe leur fort commerce avec la Bohème et le diriger vers Trieste. La politique douanière des Habsbourg a agi dans cet esprit, en imposant des charges particulières aux marchandises vénitiennes sur les cols du Tyrol et en protégeant en même temps la Bohême de plus en plus au nord de l’Empire par des murs tarifaires. Néanmoins, il y avait aussi de fortes incitations à une coopération étroite entre Hambourg et Trieste, qui a pris le dessus sur les tendances antagonistes. Les Habsbourg ont ouvert les marchés à l’Ouest grâce à la déclaration du port franc de Trieste et grâce aux mesures de construction routière très intensives qui ont permis de relier cette ville avec les Balkans et l’Europe de l’Est. Pour les Hambourgeois et tous les autres commerçants européens, Trieste est donc devenue un lieu d’affaires de plus en plus attrayant depuis le début du règne de Marie-Thérèse. Cela se traduit par une fréquence toujours plus élevée de navires hambourgeois dans le port et un commerce en constante augmentation entre les deux métropoles. Dans le cadre de cette conférence, je me concentrerai en particulier sur les liens de concurrence et de coopération entre Trieste et Hambourg. En examinant aussi les relations entre Trieste et Venise et entre Hambourg et Venise, je tenterai de désigner une image complexe de la dynamique déclenchée par le développement rapide de Trieste dans les relations commerciales nord-européen-méditerranéen à la fin du xviiie siècle.

Indravati Félicité (Paris VII)
Sur les ruines de la Compagnie d’Ostende. L’Apollon à Hambourg, entre la Prusse, les puissances maritimes et l’Empire, 1731.

Le vaisseau l’Apollon, en provenance de Canton, accoste dans le port de Hambourg en 1731. Il transporte une grande quantité de thé et de porcelaine des Indes Orientales. Le vaisseau, qui bat pavillon prussien, est rapidement soupçonné d’être un ancien navire de la Compagnie d’Ostende que l’empereur Charles VI, depuis peu, a dissoute puis définitivement supprimée sous la pression de l’Angleterre. Dès lors, l’envoyé anglais et le résident néerlandais accrédités dans la ville hanséatique sollicitent du conseil municipal la mise sous séquestre de sa cargaison qui vient concurrencer le commerce de leurs compagnies des Indes. Le refus des autorités hambourgeoises déclenche une bataille à coup d’arguments juridiques qui implique les Puissances maritimes, les négociants de Hambourg et l’empereur. Les vifs débats autour de l’Apollon ont suscité, dès 1731, une curiosité qui ne s’est pas démentie avec le temps comme en témoigne, notamment, la publication en 2008 de l’ouvrage du sinologue Bernd Eberstein, Hamburg-Kanton 1731. Der Beginn des Hamburger China-Handels (Hambourg, Ostasien Verlag, 2008). L’objectif de cette séance du séminaire étant de mettre à l’épreuve la pertinence d’une comparaison entre le port de Hambourg et celui de Trieste comme places portuaires globales, les discussions autour du cas de l’Apollon, du xviiie siècle à aujourd’hui, ouvrent des pistes particulièrement fécondes. Cet épisode des relations commerciales entre l’Orient et l’Europe du nord permet aussi éclairer le fonctionnement de l’Empire comme acteur des relations internationales au xviiie siècle.

Marine Fiedler (Berne / Sciences Po, Paris)
Négociants d’empire(s) : les connexions de Hambourg avec Bordeaux et Singapour au travers du cas des Meyer (xviiie -xixe siècles).

La présentation propose d’appliquer le concept de translocalité issu du renouvellement des recherches transnationales à l’étude d’une famille de négociants hambourgeois de la seconde moitié du xviiie siècle au milieu du xixe siècle. De par son expansion à l’espace européen puis global et grâce à l’existence d’un fonds d’archives riche en écrits du for-privé, le cas des Meyer permet d’approcher au plus près la manière dont les individus vivaient la tension entre mobilité et localité du local au global. Il s’agira en lien avec le thème du séminaire de proposer des pistes de réflexion sur les relations de ces négociants hambourgeois avec différents empires dans le cadre de cette tension, à savoir le Saint-Empire, l’Empire français et les empires coloniaux, au travers de l’étude des connexion durables et intenses des Meyer avec les ports de Bordeaux (1760-1840) puis de Singapour (1840-1860).

Publié le 28 janvier 2020, mis a jour le vendredi 23 juin 2023

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